12 Juillet 2003 8e Rencontre Inter Centres LGBT CONTAMINATIONS VOLONTAIRES Bonjour à tous, Tétu, Illico, IBNews, Transversal, Exist, sans compter les radios et journaux locaux…Quand nous avons envoyé le premier communiqué de presse, nous savions que les réactions seraient nombreuses et loin d’être sympathiques, mais avions nous vraiment le choix ? Car toute la question est là. Nous, bénévoles d’association, formée à l’écoute, à l’accueil, à l’information sur le SIDA et autres MST, que pouvons nous répondre quand une personne nouvellement séropositive, vient nous faire part de sa colère suite à une contamination dont elle n’est pas responsable. Il y a 3 semaines à Reims, une jeune homme de 20 ans a eu une relation sexuelle sur un lieu de drague, pendant le rapport, le préservatif s’est rompu. Son partenaire lui a déclaré l’avoir percé et espérait qu’il soit contaminé. Suite à cette affaire, il a pris contact avec différentes structures : ® Sida Info Service s’est montré très embarrassé par l’histoire, lui a conseillé de prendre du recul et devant son insistance a finalement conseillé de porter plainte au pénal pour administration de substances nuisibles. ® Act Up lui a répondu qu’il s’agissait d’une responsabilité partagée, a jugé l’affaire comme révoltante. ® Ligue Azur a renvoyé vers Sida Info Service. Et nous, petite association provinciale, que pouvons nous lui dire quand il se trouve en face de nous ? Qui pourrait lui dire qu’il s’agit d’une responsabilité partagée ? Que bien qu’il ait demandé que son partenaire se protège, il est aussi responsable que ce dernier qui a volontairement percé le préservatif dans le but de le contaminer ? Cette situation tragique est malheureusement pas isolée. Que penser de la responsabilité partagée dans les cas suivants : · Production de faux test de séronégativité. · Retrait du préservatif à l’insu du partenaire. · Contamination du conjoint suite à des relations extra-conjugales non protégées. Décembre 2002, le CHU de Reims contacte les associations de lutte contre le SIDA, pour leur faire part de plusieurs cas de contaminations récentes, où le contaminateur semble identique selon les histoires entendues en consultation. Aucun nom n’est cité à aucun moment. ® Suite à cet entrevue, les associations appellent leurs adhérents a la plus grande vigilance. Février 2003 : le contaminateur en question dont le nom a été dévoilé dans tout Reims, nous contacte suite à des refus d’entrée dans des associations et des établissements. ® Reims Liberté Gaie contacte ces derniers et souhaite dans le même temps aider ce jeune homme qui semble être dans le demi total de sa maladie. Nous le mettons notamment en contact avec un psychologue et lui proposons de participer à des groupes de parole de AIDES. Fin mars 2003 : après deux mois d’accueil, d’écoute, d’information et d’orientation, le jeune homme récidive avec deux membres de notre association. Malgré la demande de protection de nos deux adhérents, il a délibérément enlevé le préservatif à leur insu et le reconnaît sans remord devant nous, allant jusqu’à se moquer de notre impuissance devant ses actes. Début avril : RLG contacte l’hôpital qui lui apprend que plusieurs personnes contaminées souhaitent porter plainte pour empoisonnement volontaire ou mise en danger de la vie d’autrui.RLG décide de soutenir cette action, espérant que cela puisse ouvrir un débat national et aboutir à des actions concrètes contre les contaminations volontaires. Suite à cette décision, Têtu imagine un scénario où RLG souhaiterait empoisonner tous les séropositifs, et diffuser leurs noms sur des affiches. Cette information erronée sera d’ailleurs relayée aveuglement par Act Up, Illico, IBNews, Transversal …sans qu’aucun ne prenne contact avec nous pour s’informer. A noter que le droit de réponse demandé pour RLG à Mr Martet a été tout simplement refusé. Il nous a fallu pas moins de trois mois pour rectifier la vérité. Dans une lettre adressée à RLG le 16 avril 2003, par Victoire Patouillard, Présidente d’Act Up,sans même avoir pris contact avec nous, nous reproche d’utiliser les termes de criminels, de victimes ou de massacre et de l’utiliser à la seule fin de stigmatiser les personnes séropositives. A noter que cette dernière déclarera dans une émission d’Ardisson, qu’il s’agit d’un crime et ne protestera pas quand Sonia Rolland exprimera sa volonté d’enfermer ces individus. Ainsi que je lui ai répondu dans une lettre datée du 19 avril, nous en sommes arrivés à des pratiques, ou exiger la protection n’assure plus de ne pas être contaminé. De plus, vouloir étouffer ces affaires, comme dans notre cas ou plus récemment avec les éditions blanches, ne peut en aucun cas réduire ces pratiques. Continuer de défendre la responsabilité partagée dans tous les cas, n’aboutit qu’à la légitimation de ces pratiques aux dépends des personnes contaminées involontairement. Pour nous, les actions de censure vont dans le sens inverse de la plus petite action que nous pouvons mener contre ces pratiques : l’information. Ces pratiques existent et se répandent, arrêtons de les nier et appelons le grand public à redoubler de vigilance. Mais que faire véritablement contre ces pratiques : nous savons tous que l’emprisonnement ou des amendes ne réduiront en rien ce phénomène qui trouve ses racines dans de profonds troubles psychologiques dus à la maladie. RLG, ne prétend pas avoir trouvé la solution miracle, loin de là, mais nous pensons pouvoir agir selon 4 axes. ® Accueil : les associations se doivent d’accueillir les contaminateurs et les contaminés puisqu’il paraît évident que les deux ont besoin d’aide ( a noter, que le contaminateur rémois continue de venir 1 à 2 fois par semaine dans nos locaux). ® Ecoute : il semble indispensable d’être à l’écoute des attentes de chacun : du contaminé qui exprime sa colère et du contaminateur qui exprime le plus souvent son désarroi. ® Information : informer le grand public de ses pratiques ( et soutenu des écrivains comme Rémès qui communique plus ou moins habilement sur le sujet, même si la notion d’argent dans ce contexte peut paraître scandaleuse) et leur apprendre à s’en protéger, mais informer aussi les personnes séropositives de la nécessité de se protéger lors des rapports sexuels, pour les inclure de fait dans la lutte contre le SIDA et leur éviter la surcontamination. ® Orienter : par un suivi psychologique des personnes séropositives, orienté sur le déni de la maladie ou la vengeance, qui sont deux phénomènes à l’origine des contaminations volontaires. Si des sanctions judiciaires doivent exister, battons nous pour qu’elles ne conduisent ni à la prison, ni à des amendes mais pourquoi pas un suivi psychologique obligatoire. Le silence des associations sur ce sujet nous paraît extrêmement dangereuse pour plusieurs raisons : ® mélanger comme l’ont fait Têtu ou Act Up, lutte contre les contaminations volontaires et lutte contre les séropositifs, aboutit à la stigmatisation de ces derniers. ® les personnes contaminées ne se sentent pas soutenus par les associations qui donnent l’impression de protéger les contaminateurs et cela aboutit comme à Reims à des cas de justice personnelle. ® cela risque enfin d’aboutir à une jurisprudence d’autant que les plaintes pour empoisonnement dans des cas de contamination se multiplient et cela bien avant notre histoire. Nous sommes tout à fait conscients des dérives sur lesquelles une action en justice peut conduire : baisse des dépistages, fichage des séropositives… et nous ne souhaitons en aucun cas que cela se produise. Mais nous devons reconnaître que certains utilisent pour diverses raisons, la responsabilité partagée pour répandre la maladie. Victoire Patouillard déclarait « le Sida est une maladie, pas une arme », nous, acteurs de la prévention nous le savons tous ! Mais les faits nous montrent le contraire. Pour terminer, j’aimerais juste vous rappeler dans quel désarroi sont les bénévoles de nos associations quand ils se trouvent face à un cas de contamination volontaire et qu’ils doivent défendre la notion de responsabilité partagée qui pour l’instant ne résout en rien les problèmes ni du contaminé et encore moins du contaminateur et ne sert qu’à se décharger d’un problème bien embarrassant mais de plus en plus fréquent ! Pour Reims Liberté Gaie Arnaud Martignon
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