Il en est de certains sujets comme des produits vaisselles : quand il n’y en a plus, il y en a encore... Prenez l’exemple de l’homophobie. THE sujet. Le dernier à la mode, celui dont tout le monde parle. Qu’inspire ce mot ?
Faisons la liste : les insultes, les actes de violences, les blessures psychiques et physiques. Des actes gratuits dispensés avec soin par des hétéros qui ont peur de je ne sais quoi (de leurs propres phantasmes ?), des homos refoulés (ils n’arrivent pas à baiser qui ils voudraient et on en serait responsable ??!!), des pauvres gens incapables de réfléchir par eux-mêmes et qui suivent bêtement le troupeau (de bœufs et non bien sûr de vaches folles, alors que, promis juré, là il n’y a aucun risque de contamination !). Ou encore fruits d’une haine pure, simple vis-à-vis de personnes différentes. Et ce, sans parler des défenseurs de la morale religieuse.
C’est tout ça l’homophobie...
Premier arrêt sur image : ce mot est comme un sac de bonne-femme. On y trouve de tout. En fait, des motivations différentes dont le résultat est le même : casser du pédé. Mais il existe une autre sorte d’homophobie, moins visible peut-être mais tout aussi dangereuse. Je vous parle de notre propre homophobie, à nous, pédés et gouines qui s’assumons. Oui, nous sommes homophobes. Moi la 1ère, je me suis retrouvée à lancer des insultes minables sur les " petites pédales ", leur attitude " Ououh ! Ououh ! ", leur accoutrement avec des fringues de taille 3 ans d’âge. Et que dire de ce qu’on entend sur les " nounours ", les " camionneuses ", les fans de Véronique et Davina et j’en saute et des meilleures ! N’est-ce pas une autre forme d’homophobie, plus insidieuse ? On rejette ces personnes, soit, pas pour leur sexualité, mais pour leur style. Parce que l’homosexualité -comme d’ailleurs toute sexualité- n’est pas seulement une question de sexe mais aussi de genre, de style, d’attitude. Il existe plusieurs sortes d’homosexualités, et nous, les homos (ou du moins une grande partie d’entre nous), rejetons ces autres sortes, autres que la nôtre. Et ça, c’est de l’homophobie.
Bon, pour me donner bonne conscience et m’éviter une grossesse nerveuse, je me suis dit que c’était normal. Après tout, on ne peut pas aimer tout le monde et ceux qui le disent, disent des mensonges (PATRIIIIIIICK !!!). C’est vrai. Objectivement vrai. Pourtant, c’est un peu facile, non ? Et la tolérance dans tout ça ? On est d’accord : aimer et tolérer sont deux choses différentes. Je suis certaine que vous ne pouvez pas pifrer le plouc assis à côté de vous tous les jours au bureau mais c’est pas pour autant que vous allez le trucider sur place. Vous ne l’aimez pas mais vous le tolérez... À ce stade de l’article, je ne vous cache pas que j’étais toute contente, j’avais trouvé le mot parfait : la TOLÉRANCE. Et puis, telle une petite chenille velue qui grignote doucement au rythme du temps qui s’écoule cette jolie petite feuille verte, luisante, grasse issue de cette branche flottant dans le vent frais du matin, portée par cet arbre déjà centenaire implanté dans cette terre qui a nourri tant de monde et qui nourrira les générations futures qui...euh !! excusez-moi je m’écarte du sujet... Donc, comme cette chenille, une pensée s’est immiscée en moi. Et si la tolérance n’était autre qu’une forme d’homophobie ? Mmmm ??? Je m’explique : tolérer demande un effort, il faut prendre sur soi. D’accord. C’est dans ce sens une étape naturelle, pour s’adapter à une situation nouvelle. Mais au final, et c’est là où le bât blesse, on peut tolérer, prendre sur soi, ne pas rejeter l’autre de manière physique tout en ne l’acceptant pas intérieurement. Voyez les parents. Ils tolèrent leurs enfants, chair de leur chair... Foutaise !! Surtout il ne faut pas en parler. Genre sujet tabou qu’il ne faut jamais aborder, surtout en famille, devant la grand-mère qu’on a sorti de la maison de retraite pour le repas dominical, ça ferait désordre... À gerber... Bref, ils tolèrent mais finalement vous rejettent. Autrement dit, la tolérance est une façade. L’homophobie va de ce que l’on voit (les gestes, les coups) jusqu’à l’invisible, tapie sous le beau mot : TOLÉRANCE. Et ça, c’est inacceptable.
Alors que faire, me direz-vous ? Demander, exiger l’indifférence. Avec qui on couche, on s’en fout ! Qu’on soit le gros dur, la folle finie, on s’en fout ! Tout ça ne fait pas de nous quelqu’un de plus intelligent ou de plus con. Que je sois bien comprise, je ne prône pas le " Je-m’en-foutisme ". Loin de là. Les sentiments sont essentiels mais ils doivent porter sur des choses importantes, vraies (ce qu’apporte l’autre, ce qu’il fait) et non sur sa façon de se fringuer, de parler ou de baiser. Oui je sais, c’est un peu pompeux. Et alors? C’est juste. Le jour où les gens, et moi la première, réagirons de la sorte, on aura gagné. Tout simplement.
Ouvrez les yeux, regardez autour de vous. Ça en vaut la peine ! Il va falloir tolérer dans un premier temps (c’est une étape, on est d’accord) puis apprendre l’indifférence. L’autre existe. Point. Et vous savez quoi ? Ça marche pour tout le monde. Alors sortez, montrez que vous existez, promenez-vous en amoureux(ses) dans la rue, les autres seront obligés de vous tolérer et à partir de là peut-être comprendront-ils cette évidence : ON EST COMME TOUT LE MONDE !!!
Bisous à tous, Tante Gertrude
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